La médina reçoit de nombreuses indignations de la part de ces lecteurs de la façon dont la question de l’islam et des musulmans est traitée dans les médias. Nous ouvrons cette rubrique pour accompagner nos lecteurs dans leur quête de proposer une autre image de l’islam.
Dans une enquête intitulée "L’argent de l’islam", nos confrères de L’Express mettent en cause l’association A Votre Service (AVS), décrite comme exerçant une activité lucrative et étant peu regardante sur le caractère halàl de la viande sacrifiée. AVS s’indigne du caractère erroné et diffamatoire de ces informations.
La journaliste du magazine l’expresse a été longuement reçu par la médina dans le cadre de son enquête sur la viande halàl. Dans son article, elle s’est beaucoup inspiré du dossier spécial de la médina La viande halàl : la face cachée. Elle n’a fait aucune référence à ce dossier ni au long entretien avec le directeur de rédaction de la médina. Elle a pu rencontrer grâce à l’intervention de la médina les responsables d’AVS et malgré la parole donnée pour transmettre objectivement les propos des responsables elle a préféré se baser sur des lectures islamophobes et privilégier la rumeur et la concurrence qui ronge le marché de la viande halàl. Le but de ce texte est de revenir sur le travail effectué par AVS et de clarifier le lecteur afin de sortir des sentiers battus.
L’association AVS a été crée en novembre 1991. Régie sous la loi 1901, il s’agit d’une association à but non lucratif. "Le but de notre association est de contrôler la viande sacrifiée, de garantir son caractère halàl. AVS n’exerce et n’a jamais exercé aucune activité commerciale.", explique Hamid Belatoui, responsable de la communication. Pour se faire, AVS met en place un sacrificateur, lorsque cela est nécessaire, dans les abattoirs et exerce le nombre de contrôles requis depuis le sacrifice jusqu’au produit fini. Elle met en place un contrôle du respect des règles conformément à la religion musulmane à chaque étape de la production, de l’abattage à la mise sous conditionnement, en passant par le désossement et la transformation. AVS est présent au moment du sacrifice pour s’assurer du bon traitement de l’animal et du respect rituel de la saignée. Plusieurs agents AVS peuvent sollicités sur un même site d’une manière permanente (sur le site Celvia, pas moins de dix contrôleurs). "Nous minimisons le risque au maximum. Nous demandons les fiches techniques de tous les ingrédients avant l’élaboration et la commercialisation du produit d’une société sous contrat avec AVS. Chaque fidèle peut, s’il le veut aller contrôler les sites où AVS est présent, qu’il s’agisse des sites d’abattage ou de production."
Un contrôle très strict
L’association compte 55 salariés répartis dans les abattoirs, les centres de transformations des viandes, les boucheries et les restaurants rapides qui ont choisi AVS pour garantir le caractère halàl de la viande qu’ils vendent. Ce personnel contrôle en permanence dans les abattoirs et restaurants, de manière ponctuelle dans les boucheries et à l’improviste via le responsable du contrôle. Les contrôleurs suivent une formation théorique et pratique avant d’éxercer sur les sites. AVS met à leur disposition "le guide du contrôleur" qui comprend la formation de contrôle en boucherie et en abattoir. Les marquages sur les carcasses et les découpes de l’animal y sont clairement expliquées. Des salariés travaillent aussi dans le centre d’activités Tawhid qui dispose d’une librairie à Saint-Denis. "Contrairement à ce qui est écrit dans L’Express, ce centre n’a rien à voir ni aucun lien avec la société d’édition Tawhid qui se trouve à Lyon. AVS ne dispose aucunement d’une société d’édition", précise Hamid Belatoui. "Concernant les produits de marque Isla Délice, il faut que tout soit clair. Ces produits sont commercialisés par la société Zaphir et produits par Celvia. Isla Délice est sous contrat avec AVS. Elle ne peut vendre des produits que s’ils sont certifiés par AVS. La société qui commercialise les produits de cette marque a été condamnée pour tromperie sur leur composition : Mr Jean Daniel HERZOG étant le directeur de cette société a été condamné pour tromperie sur les qualités substantielles des charcuteries par dissimulation de leur teneur en amidon et de leur composition infime en viandes nobles. Ce qui a été dénoncé par AVS sans hésitation, mais jamais pour avoir vendu de la viande qui n’était pas halàl (Tribunal de grande instance de Nanterre ; 15ème chambre ; audience du 29 février 2000 ; N°d’affaire : 9914100798 ; jugement du : 21 Mars 2000).
D’autre part, AVS n’a jamais travaillé pour les établissements Routhiau", qui ont été condamnés pour ajout de sang de porc dans la charcuterie halal, insiste M.Belatoui.
"Des accusations non fondées"
En France, trois mosquées ont reçu un droit de l’Etat pour octroyer des cartes de sacrificateurs à tout fidèle qui souhaite sacrifier de la viande hallal mais "il n’y a aucune concurrence entre AVS et les mosquées de Paris, Evry et Lyon", précise M. Belatoui.
AVS confirme le résultat annuel d'exploitation de 900000 euros cité dans l’Express. "En plus des dépenses de fonctionnement, il faut compter le matériel d’authentification qui comprend le scotch, l’ancre, l’impression, les blouses etc…" Les recettes proviennent exclusivement de la taxe d’abattage. AVS reçoit 8,5 centimes d’euro par kilo de viande sacrifiée et contrôlée. L’association tient à préciser qu’elle a subi ces dernières années un contrôle fiscal et un contrôle social qui ont tous deux prouver le bon fonctionnement de l’association, sa bonne foie et sa transparence. Selon AVS, il n’existe aucun contrat financier avec les bouchers désireux de vendre de la viande certifiée hallal par AVS. Ces derniers s’engagent par un contrat moral et gratuit avec l’association. "Ils ont la liberté de rompre à tout moment sans contrainte ni amande. Les amandes de 6000 euros dont parle L’Express sont de la pure désinformation et de la diffamation. Ces accusations sont non fondées. Mais nous ne tolérons pas que certaines boucheries utilisent l’étiquette AVS pour profiter de la confiance que nous assurent les fidèles tout en achetant leur viande dans d’autres endroits que ceux où nous contrôlons. Dans ce cas, nous leur demandons de retirer notre nom. S’ils refusent nous sommes obligés d’engager des poursuites judiciaires".
M.Belatoui s’indigne des approximations et des clichés quand il s’agit de la religion musulmane : "Si mettre de la viande hallal à la disposition des musulmans relève d’un militantisme actif, alors oui nous sommes des militants".