Le 18 décembre 2004 le Conseil National des Marocains de France, CNMF, a élu son bureau exécutif et son président. Ce sont quelques 2219 marocains résidant en France qui se sont déplacés le 21 novembre 2004 aux 21 bureaux de votes dans 9 régions françaises pour élire leurs délégués. 81 délégués sur 366 prévus ont ainsi été élus. Seuls les candidats ayant bénéficiés du soutien d’une association ont été admis à se présenter aux élections. Abdelkader Temsemani, ancien président de l’association des musulmans de Versailles est l’initiateur du conseil. Il a fondé en 2000, après avoir quitté ces fonctions au sein de la mosquée de Versailles, l’association les Amis du Maroc. Décédé dans un accident de voiture sur les routes marocaine en 2002. C’est Daouia Cases chargée de mission au sein de la chambre de commerce de Versailles qui va prendre la relève. Cette casablancaise riche de son expérience syndicale, représentante du personnel, a milité ces trois derniers années pour faire émerger ce conseil qui se veut être à l’abri des amicales et des personnes opposantes à l’Etat marocain. « Nous souhaitons avoir un conseil représentatif des marocain résidants en France et qui œuvre avec désintérêt pour la mobilisation des compétences associatives et individuelles afin d’apporter des solutions concrètes aux différents problèmes individuels et collectifs : insertion, éducation, mariage, retraite, de succession, discrimination… auxquels sont confrontés les marocains de France. ». « Le CNMF a pour objectif, également, de permettre aux marocains de France, soit plus d’un million de personnes représentant le tiers de la population marocaine vivant à l’étranger, d’être associés aux décisions les concernant». Les responsables du CNMF voudraient que leur conseil soit un interlocuteur crédible auprès des autorités françaises et marocaines.

Un lobby marocain en France


Le conseil entrera t-il en conflit avec les autres association marocaines déjà existantes ? Daouia Cases est catégoriques « nous voulons que le conseil soit une plateforme de coordination et d’expertise, nous soutenons toutes les associations marocaines sérieuses pour qui, nous metterrons a dispositions toutes nos compétences ». Le conseil aura pour rôle également de soutenir les candidats aux différentes élections françaises c’est une sorte de lobby marocain que les animateurs de conseil veulent créer. Quand à la position envers les structures marocaines religieuses comme la FNMF, le conseil ne veut pas s’impliquer sur le terrain religieux, son président Mokhtar Ferdaoussi, le défini comme un conseille aconfessionnel ouvert à tous les marocains sans distinction de leurs religions de leurs affinités politiques ou de leurs sensibilités intellectuelles. Le seul bémol des responsables du CNMF est d’être dans la légalité et agir sans excès dans la manifestation des idées.

Le découpage et la détermination du nombre de délégués pour chaque région ont été fait selon les statistiques de l’INSSE qui en 1999 a recensé 663 731 marocains résidant d’une façon régulière en France. La population de chaque département a été divisée par 188 (nombre de marocains de la Creuse) de manière à permettre aux départements le moins peuplés (notamment la Creuse) d'obtenir 1 siège au conseil. Les marocains naît français échappent a ces statistiques, d’où la difficulté rencontré dans le recensement de tous les franco-marocains et les critiques portés au conseil qui pour certains a exclu ces derniers du processus électoral. L’actuel Bureau administratif du Conseil National des Marocains de France est provisoire, son but principal était de réaliser les élections et rédiger les statuts.

Le CNMF est doté d’un bureau administratif composé de 8 personnes qui a désigné un président. M. Mokhtar Ferdaoussi. Après l’installation du bureau national, les bureaux régionaux seront élus à leur tour sur le même principe et des associations seront déclarées dans les différentes régions. Des commissions techniques seront crées afin de réunir les experts et répondre professionnalisme aux objectifs du conseil. Le conseil imite dans sa structuration le conseil français de culte musulman. Des marocaines impliquées dans l’organisation du CFCM ont certainement eu de l’influence sur la structuration du CNMF qui par peur d’amalgame étudie le transformation de son nom, il pourra s’intitulé ainsi le conseil des franco-marocains selon sa porte parole Daouia Cases.

Des critiques ont été prononcé à l’encontre de ce conseil et principalement concernant le processus électoral les porteurs du projets rétorquent en disant « qu’avec le conseil nous avons instauré un nouveau mode de représentativité des marocains résidant à l’étranger, c’est celui de passer par les urnes. Ceux qui ne sont pas contant aujourd’hui dans deux ans ils peuvent s’exprimer et présenter leur candidatures ». Pour mener à bien ces initiatives le conseil a eu le soutien financier du fond social pour l’intégration et la lutte contre les discriminations, environ 70 000 euros. Des contacts ont été pris avec des cabinets ministériels français comme le ministère de la santé.

Pour Nadia Ahil, conseiller municipale, relais dans la région Bourgogne et Franche-comté « lors des élections nous avons été confronté d’une part à la méfiance des premières générations qui avait peur que ce conseil soit une nouvelle structure opposante à l’Etat marocain ou une structure bis à l’image des anciennes amicales marocaines et d’autre part au peu de mobilisation des nouvelles générations dont les liens sont très faibles avec le pays d’origine ». Certes le conseil regorge de compétences et d’experts mais le grand défi reste celui de mobiliser les jeunes générations et d’établir un argumentaire qui pourrait les intéresser.

Le conseil veut répondre à une demande incessante des marocains résidents en France, Les autorités marocaines vont-elles le reconnaître ? Pour l’instant elles sont dans l’attente malgré les nombreuses sollicitations des responsables du conseil. Cependant tous les membres du bureau ont été conviés en novembre 2004, par la fondation Mohammed V, au lancement de la campagne de solidarité au cours du mois de Ramadan.

Une lutte contre les actes racistes et xénophobes.


Le conseil est l’une des rares voix marocaine qui a réagit aux différents actes xénophobes contre les marocains de France ainsi « le 18 septembre 2004, dès lors que le Conseil a eu connaissance de l’assassinat du pompiste marocain, un communiqué de presse a été envoyé en interpellant les hautes autorités françaises sur ce danger grave ainsi que sur ses conséquences si des mesures d’urgence ne sont pas prises, notamment la protection des personnes et des biens et si les assassins ne sont pas recherchés et condamnés. Le 7 novembre 2004 à Paris, le CNMF a participé à la manifestation contre les actes racistes en Corse précisément. Suite à la tentative d’assassinat de l’imam, le CNMF a publié un communiqué dénonçant cet acte criminel ». Le président du conseil également président de l’association Horizon 21 de Carrières a organisé, à la demande de la famille du jeune marocain assassiné sur les champs Elysées, un rassemblement de reccuiellement et auquel seuls les habitants de Carrières-sous-Poissy étaient invités ? Ce rassemblement s’est déroulé sans heurts. Le conseil en phase de construction a estimé prématuré la participation à la manifestation silencieuse organisée par l’association Neomaroc dirigé par Khalil Meroune, président de la mosquée d’Evry et Georges saraf le 11 décembre en soutien à l’imam de Sartène en Corse. Un membre de cette association également relais dans l’Essonne du CNMF a regretté la position du conseil en insinuant que le désistement est lié à la présence à la tête de Néomaroc d’une personnalité juive, chose démentie par le président provisoire du Conseil qui a demandé des excuses publiques. Le débat a été lancé pour affirmer le cadre laïc dans lequel le conseil agit et sa volonté de rester ouvert à toutes les expressions religieuses marocaines.

L’installation du CNMF a été couronnée par une soirée artistique le samedi 18 décembre 2004. C’est le début d’une nouvelle aventure qui doit apprendre à nager dans le tourbillon associatif marocain et intéresser les nouvelles générations dont les liens avec le pays d’origine s’amenuise d’un jour à l’autre. Les autorités marocaines sont sollicitées de plus en plus à manifester leur intérêt et leurs préoccupations pour la situation des MRE. Le rôle de la société civile marocaine à l’étranger n’est pas négligeable pour un codeveloppement équitable.