M Bertrand Delanoë était l’un des premiers hommes politiques à réagir à cette tentative d’attentat, il s'est dit "consterné" samedi après "l'acte inqualifiable" qui a visé l’imam de Sartène et lui a adressé un "message de solidarité et d'amitié".
Le vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Fouad Alaoui également secrétaire géneral de l'UOIF a réclamé "une protection de proximité des lieux de culte musulmans en Corse". « Pour marquer son témoignage de solidarité, l’association NEÔMAROC coprésidé par MM Khalil MEROUN et George ASSERAF appel à une manifestation le samedi 11 Décembre 2004 à 14h00, départ Place de la Bastille , arrivée Place Mohamed V « institut du Monde Arabe ».
Le président de l'assemblée de Corse Camille de Rocca Serra a condamné samedi l'attentat , il a estimé que que cet acte était "une injure à tous les Corses". "L'attentat (...) plonge la Corse dans l'indignation et l'effroi (...). cet acte odieux à caractère raciste et religieux est une injure à tous les Corses", écrit M. Rocca Serra dans un communique transmis à l'AFP.
Une enquête pour "tentative d'assassinat" a été ouverte par la gendarmerie.
"La croix gammée (...) donne la nausée à tous ceux qui se souviennent combien les Corses ont lutté pour vaincre le nazisme et retrouver la liberté", ajoute le président de l'assemblée de Corse.
"La Corse entière doit s'opposer à cette escalade d'intolérance et de fanatisme car la violence, la xénophobie, nous conduiront collectivement à notre perte", poursuit-il, exprimant son "soutien" à l'imam.
Une équipe de l'Institut de recherche criminelle (IRC) de la gendarmerie a été dépêchée en Corse samedi après-midi pour participer à l'enquête sur les coups de feu tirés sur une mosquée de Sartène, a-t-on appris de source proche de l'enquête.
Cette équipe comporte notamment des experts en balistique, ainsi que des spécialistes en police technique et scientifique (PTS) "pour les domaines utiles à l'enquête", a-t-on ajouté.
Les gendarmes de l'IRC de Rosny-sous-Bois sont envoyés pour prendre part aux enquêtes jugées prioritaires.
Par ailleurs, le bureau antiterroriste de la sous-direction de la police judiciaire (SDPJ) de la gendarmerie est associé aux investigations menées par les gendarmes de la légion de Corse qui enquêtent en flagrance pour tentative d'assassinat, a-t-on ajouté.
Dans la nuit de vendredi à samedi, plusieurs coups de feu ont été tirés à travers la porte d'une maison de Sartène abritant un lieu de culte musulman, alors que l'imam se trouvait à l'intérieur.
La Corse est en proie depuis plus d'un an à une recrudescence de violences racistes visant la communauté maghrébine.
2002
- 29 décembre: "Resistenza Corsa", un groupe alors inconnu, revendique plusieurs attentats perpétrés à Bastia, dont certains à caractère raciste. Il dit avoir agi "en représailles à l'agression récente de jeune Bastiais", et "contre la drogue, la délinquance et la présence de communautés étrangères".
2003
- 24 avril: Un attentat à l'explosif vise le local de l'Association des Marocains en Corse, à Ajaccio.
Un mois plus tôt, les préfets des deux départements de Corse s'étaient dit "préoccupés" par la distribution d'un tract évoquant "la pression de l'invasion arabo-musulmane" et signé par une mystérieuse "organisation secrète corse" (OSC).
- 26 mai: Attentat contre un bar à Bastia fréquenté par la communauté maghrébine et tentatives d'attentat contre deux autres commerces de la ville. Ces actions seront revendiquées par "Resistenza Corsa".
2004
- 19 mars: Une charge de faible puissance explose à Bastia, théâtre la veille de bagarres entre des lycéens d'origine maghrébine et corse. Publicité
L'acte est revendiqué le 22 mars par un groupe clandestin corse inconnu, I Clandestini Corsi ("Les clandestins corses"). Le 30, dans une lettre adressée à la police, il annonce son intention de "s'attaquer aux communautés extérieures vivant sur l'île".
- 22 mai: Le drapeau du consulat du Maroc, à Biguglia, dans la banlieue de Bastia, est enlevé et brûlé.
Le lendemain, une boucherie appartenant à une famille marocaine est endommagée par un attentat à Porto-Vecchio (Corse-du-Sud).
- 7 juillet: I Clandestini Corsi revendique trois attentats commis le 1er juillet contre une banque à Biguglia et deux commerces appartenant à des Maghrébins à Bastia. Affirmant vouloir "stopper l'immigration qui ronge l'île depuis trop d'années déjà", il menace: "Ils seront touchés à leur domicile privé et des éliminations physiques seront perpétrées contre les plus réticents".
- 3 septembre: La maison en construction d'un artisan d'origine maghrébine est partiellement détruite par un engin explosif à Biguglia.
Le 19 juillet, elle avait déjà été la cible d'une tentative d'attentat et des inscriptions "Terra Corsa, I Arabi Fora" (Terre corse, les Arabes dehors), signées d'un "Mouvement Clandestin Anonyme" (MCA), avaient été découvertes sur les murs.
- 12 septembre: Attentat contre la voiture d'un Marocain à Bastia. "A droga fora" ("la drogue dehors") et le sigle "MCA" sont découverts sur l'immeuble voisin.
- 18 septembre: Le véhicule de fonction d'un employé du consulat du Maroc fait l'objet d'une tentative d'attentat à Biguglia.
- 30 septembre: Le conseil général de Corse-du-Sud adopte à l'unanimité une motion "condamnant le racisme et la xénophobie".
- 18 octobre: Selon le rapport de l'écrivain Jean-Christophe Rufin sur la lutte contre le racisme et l'antisémitisme publié par le gouvernement, plus de la moitié des violences racistes commises en France surviennent en Corse, visant quasi-exclusivement la communauté maghrébine.
- 25 octobre: Tirs contre un local de prières musulman à l'Ile-Rousse, en Haute-Corse. Le 23, quelque 2.000 personnes avaient manifesté à Ajaccio pour protester contre la recrudescence des violences anti-Maghrébins.
- 26 novembre: Cinq jeunes soupçonnés d'appartenir au groupuscule armé Clandestini Corsi sont mis en examen à Paris, portant à 14 le nombre total de mis en examen dans ce dossier.
- 27 novembre: Attentat contre l'imam de la mosquée de Sartène.
Source : Nouvel observateur et AFP