Pourquoi ce malaise ?
La raison est simple : ce Référendum a brouillé les clivages classiques entre une Droite dite libérale et une Gauche dite sociale. Les Français ont découvert que les partis leaders de la Droite et la Gauche étaient sur la même longueur d'onde quant à la philosophie de l'Europe telle qu'elle est exprimée dans la Constitution.
Du coté du NON à la Constitution, les Français découvrent aussi que des partis aussi opposés en principe que l'Extrême droite, l'Extrême gauche, une bonne partie du PS, le PCF, le MDC de Jean-Pierre Chevènement, ou les Souverainistes de Philippe de Villiers et de Charles Pasqua, ont uni leur force pour mobiliser les Français à voter NON.
Ces paradoxes sont imputables à la structure même du Référendum qui n'offre que deux choix, ou bien le OUI ou bien le NON, à l'image d'une campagne électorale américaine où les électeurs n'ont le choix qu'entre deux candidats.
Réducteurs ? Oui assurément l'organisation d'un Référendum appauvrit considérablement les choix de l'électeur qui est habitué lors des élections classiques à avoir le choix « du cour » entre plusieurs candidats au premier tour avant d'avoir à choisir « par raison » entre les deux favoris lors d'un deuxième tour.
En réduisant le choix à deux possibilités, OUI ou NON, le Référendum crée un malaise considérable dans le pays à cause des unions contre-nature qu'il entraîne, telle celle du Front National avec la LCR du coté du NON.
Il est malsain de laisser exposer notre démocratie à de telles unions contre-nature qui heurtent la sensibilité républicaine de millions de citoyens qui ne veulent pas que leurs convictions soient amalgamées dangereusement avec d'autres convictions qu'ils ne partagent pas, et tout ceci à cause d'un Référendum incapable de proposer un élément de distinction supplémentaire entre un NON de Gauche et un NON d'Extrême droite par
exemple.
Pourtant, il est possible d'atténuer ce malaise provoqué par ce Référendum sur la Constitution européenne, notamment chez les partisans du NON.
Afin d'éviter l'amalgame dangereux entre un NON de Gauche et un NON d' Extrême droite, le Gouvernement pourrait voter un Projet de Loi afin de reconnaître le vote blanc lors de l'organisation d'un Référendum exclusivement.
Les avantages de l'adoption rapide de ce Projet de Loi, soutenu déjà par de nombreux Maires, applicable dès le 29 mai prochain sont nombreux. D'une part, la reconnaissance du vote blanc offre une troisième possibilité démocratique de vote au-delà des choix réducteurs du OUI et du NON. D'autre part, elle permet aux citoyens qui n'adhérent pas à la Constitution, de ne pas associer leur NON à ceux de l'extrême droite.
Enfin, la reconnaissance du vote blanc lors des Référendum permet d'encourager des millions de citoyens qui d'habitude grossissent les chiffres des abstentionnistes, à venir enfin voter et à s'exprimer au travers du bulletin blanc.
Ainsi, élargissement de la palette des choix démocratiques, distinction d'un Non de gauche et d'un NON d'Extrême droite et lutte contre l'abstention sont les principaux avantages de la reconnaissance du vote blanc lors d'un Référendum.
Le plus important étant surtout de dissiper ce malaise qui prend parfois même, et nous le déplorons, la forme d'un réquisitoire maladroit de certains tenants du OUI qui accusent la Gauche de se fourvoyer avec l'Extrême droite en étant ensemble du coté du NON.
A notre sens, l'urgence est que ce Référendum se déroule dans des conditions sereines, pédagogiques et justes, en évitant des attaques morales d'un coté comme de l'autre. La reconnaissance du vote blanc lors de ce Référendum peut remplir cette mission de façon presque certaine.
Le Premier Ministre peut proposer dès le prochain Conseil des Ministres la mise à l'ordre du jour prioritaire de ce Projet de Loi à l'Assemblée Nationale, ou en séance extraordinaire. L'application concrète de ce Projet de Loi peut être effective dès le 29 mai prochain par la présence dans les 17 000 bureaux de vote, de trois bulletins, un OUI, un NON et un BLANC. La démocratie française ne pourra que s'en féliciter, les citoyens français aussi.
*Rachid Nekkaz, Président Association J'aime la Démocratie
Tel : 06 60 41 90 59 - Email : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.