Nicolas Sarkozy se voit déjà arrivé à l'Elysée. Le candidat UMP, grisé par les sondages qui le donnent vainqueur face à Ségolène Royal, a dit vendredi soir sentir ""une immense vague de fond"" en sa faveur lors d'un discours-programme sur l'éducation. Faisant les yeux doux aux enseignants, ancienne chasse gardée de la gauche, il leur a proposé de ""reconstruire"" avec eux ""l'école de la République"".
""Je sens monter dans le pays une immense vague de fond"", a lancé, euphorique, M. Sarkozy à la fin de ce discours devant quelque 2.000 militants réunis à Maisons-Alfort (Val-de-Marne).
Nicolas Sarkozy, qui ne nomme habituellement jamais son adversaire socialiste dans ses discours, s'en est pris à ""la gauche de Jospin et de Ségolène Royal"", l'opposant à celle de Jaurès et Blum, qui ""respectait le travail"". ""La gauche de Jospin et de Ségolène Royal, elle parle des statuts, elle fait les 35 heures parce qu'elle ne comprend rien au travail"", a dénoncé celui qui fait de la ""valeur travail"" le thème central de sa campagne.
Pendant une bonne heure, le candidat UMP a parlé d'éducation, sujet autrefois monopolisé par la gauche, avec un objectif: courtiser l'électorat enseignant. ""J'ai vu qu'il y en avaient qui étaient gênés que je m'adresse à l'électeur de gauche. Pour moi, avant d'être de gauche, il est de France, et mon devoir c'est de lui parler"", s'est-il justifié.
Comme le 1er décembre à Angers, où il avait déjà parlé de ce sujet, Nicolas Sarkozy a dénoncé la ""faillite"" d'une école qui ""n'assure plus la promotion sociale"" et ""aggrave"" les inégalités.
Le président de l'UMP a de nouveau expliqué cette ""faillite"" par les ""idées erronées"" de 1968, qui a ""abaissé le niveau de l'école pour le mettre à la portée du plus grand nombre"", qui n'apprend plus aux élèves à ""faire la différence entre Antigone et Harry Potter"".
Mais il a exonéré les enseignants de toute responsabilité dans ce désastre ""dont la politique est seule responsable"". ""C'est la politique qui a fait l'école de la République. C'est la politique qui l'a défaite (...) en désertant le terrain de l'éducation, en se contentant de parler des moyens et de l'organisation"", a-t-il résumé. Il s'est donc engagé s'il est élu à ce que le Parlement ""débatte à nouveau des programmes scolaires et du projet éducatif"".
Nicolas Sarkozy a donc promis de ""refaire l'école du XXIe siècle avec les enseignants"". Le président de l'UMP, qui a confié une mission à l'ancien ministre Xavier Darcos sur le sujet, s'est engagé ""à revaloriser leur carrière si dévalorisée depuis un quart de siècle"". Il a de nouveau promis de permettre à ""ceux qui voudront travailler davantage"" de pouvoir ""gagner plus"" et de leur ""redistribuer pour moitié"" les gains de productivité réalisés.
Le candidat UMP a fondé sa ""révolution de l'école"" sur sept grands principes: liberté pédagogique, autonomie, évaluation, modulation des moyens en fonction des handicaps des élèves, orientation, deuxième chance et formation tout au long de la vie.
Tout au long de ce discours faisant la part belle aux valeurs, M.
Sarkozy est peu entré dans le détail de son projet. Il n'a ainsi évoqué qu'en passant l'abolition de la carte scolaire qu'il propose.
Dans sa seule proposition concrète nouvelle, il a souhaité que les allocations familiales soient versées dès le premier enfant pour aider ""les jeunes couples au début de leur carrière professionnelle"" ou les mères célibataires.
Le candidat UMP n'a pas oublié de s'adresser à la droite, en terminant son discours par un appel à la mobilisation de la ""majorité silencieuse"" pour les trois derniers mois de campagne d'ici au second tour.
""J'ai besoin de Français debout qui aujourd'hui décident que les idées qui sont les nôtres (...) doivent être conduites à la victoire"", a conclu M. Sarkozy. AP