Quelle place pour l’islam populaire ? Le financement du culte musulman en France
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- Écrit par SEZAME
- Catégorie : Editorial
En quoi la création d’une fondation des œuvres musulmanes ne plait-elle pas ?
On nous dira qu’on ne veut pas d’une nationalisation des mosquées, les porteurs de cette vision sont encore sur le schéma de l’islamisation de la société et sur les schémas interventionnistes des pays d’origine. Pour noyer le poisson, on propose une loi pour l’exonération de la TVA relative à la construction des mosquées. Des dispositifs financiers transparents existent dans ce sens, mais ils ne sont pas expliqués et exploités, c’est l’exemple des Sociétés civiles immobilières (SCI) qui permettent de récupérer la TVA et de résoudre ainsi le problème.
Accepter de parler de l’islam de France, qu'est ce que cela veut dire si ce n’est pas de se fondre dans le système d’organisation français et d’accepter les dynamiques de gestion du culte? Quant à la définition du culte, son rituel et son dogme, ils sont propres à ses adhérents, l’Etat n’a aucune légitimité d’intervention pour les dicter, c’est le principe fondateur de la séparation entre les Eglises et l’Etat.
Les mosquées de France sont dans leur grande majorité des mosquées indépendantes et autonomes, même celles qui s’affilient aux grandes structures, ils le font car on leur miroite une aide pour la construction de leurs mosquées ou leur mettre à disposition des imams ou encore les soutenir dans leurs démarches. La voix de ces lieux de culte n’est pas entendue, le processus électoral a fait que les grandes fédérations ont été dopées et sur-représentées.
Ceux qui bénéficient du marché de la viande halal ne sont que : les trois mosquées accréditées pour la délivrance des cartes de sacrificateurs (Mosquées de Paris, Evry et Lyon) et qui utilisent cette opportunité pour se déclarer comme organisme de contrôle de la licéité de la viande ; les associations spécialisés et les industrielles impliqués dans ce dossier ou encore les organisations musulmanes ayant une grande visibilité dans le monde arabe et musulman et qui supervisent le contrôle pour certains pays musulmans . Les mosquées et les lieux de prière sont en dehors de ce secteur. La fondation ne sera t-elle pas un moyen de solidarité avec ces lieux discriminés. Avant de parler de la discrimination vécue, luttons contre les discriminations au sein de nous même.
Une fondation équitable, impartiale, et autonome qui ne fait pas le jeu des grandes fédérations est souhaitée par la grande majorité des musulmans. Dans cette fondation devra se voir représenter toutes les forces vives des musulmans de France, qu’ils soient religieux ou pas. Car l’enjeu dépasse celui des lieux de culte, c’est l’image de l’islam et des musulmans qui depuis le 11 septembre est mise en jeu, on ne fait plus de distinction entre un pratiquant ou non.
La plupart des lieux de culte sont pour une fondation des œuvres musulmanes, ils sont pour une participation active de la part des pouvoirs publics pour une meilleure visibilité de l’islam de France. Ce sont ces mosquées qui pâtissent de la discrimination dans les finances. Seules les organisations les plus structurées profitent de l’argent des pays d’origine ou étrangers, quand il existe.
L’implication des pouvoirs publics peut être une garantie de bon fonctionnement. Cela ne veut pas dire se limiter à une seule fondation, ceux qui veulent en créer d’autres qu’ils les créent mais que le chemin ne soit pas bloqué à ceux qui n'y seront pas affiliés.
En quoi aujourd’hui le CFCM est inachevé ?
L’agitation que connaît le CFCM, soit lors de prises de position, foulard, otages, détermination du début et fin du ramadan, détermination de la date de l’aïd el kebir… provient en grande partie de l’absence de commission ad hoc liée au CFCM, il n’a y pas une commission théologique indépendante, autonome et de référence, il n’y a pas de commissions scientifiques et de recherches indépendantes capable de donner des réponses objectives, il n’y a pas des commissions sociales capables d’accompagner l’évolution de la société…en gros il y a une absence criante au sein du CFCM de sociétés savantes et d’experts.
Ce sont des structures qui manquent au CFCM, leur création permettra à d’autres forces de trouver leur place au sein de cette institution. Elles permettront également au CFCM de ne pas donner des avis à chaud mais de laisser le temps pour le recul et la réflexion. C’est l’enjeu principal du CFCM qui, après une naissance forcée, piétine dans sa crise d’adolescence, sa maturité ne tardera pas si l’intérêt du pays est placé en premier.
Hakim El ghissassi