Nommé conseiller technique auprès de du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin en octobre 2002, Hakim El Karoui s'est auparavant essayé à plusieurs activités, qui l'ont mené de l'université au conseil, en France et dans des pays arabes. Comment, partant d'une agrégation en géographie, devient-on " la plume " de Jean-Pierre Raffarin ? Celui qui, entre autres, depuis octobre 2002, écrit les discours du Premier ministre. Lorsqu'on s'appelle Hakim El Karoui, en France, la réponse ne semble pas couler de source. Pourtant, ce normalien de père tunisien et de mère française a la tête de l'emploi. Tantôt rigide, dans l'exercice de sa fonction, tantôt guilleret et trahissant son jeune âge, Hakim El Karoui n'en possède pas moins toute la compétence requise pour être conseiller technique du Premier ministre. Il n'y a pas de hasard, voilà une expression qui avec lui prend du sens. Un parcours atypique ? Cela dépend d'où on se place. En ces temps de débat dans l'hexagone sur la sous-représentation des Français d'origine étrangère, alors qu' " il y a de vraies inégalités malgré les compétences ", Monsieur El Karoui reconnaît avoir " de ce point de vue un parcours atypique et privilégié ". D'un autre côté, " je ne suis pas un produit de l'intégration, mais de la reproduction sociale ", précise t-il. Autant dire que " ce n'est pas le parcours classique d'un beur, mais celui d'un fils d'universitaires ". " J'ai le parcours de la normalité ", dit-il avec une note d'humour. En effet, Hakim El Karoui est diplômé de l'Ecole normale supérieure de Fontenay Saint Cloud et également titulaire d'un DEA de géopolitique sur la Palestine. Issu " d'une grande famille tunisienne qui a donné plusieurs ministres ", dont Hamed El Karoui, aujourd'hui vice-président du RCD, le parti au pouvoir en Tunisie dont il ne se sentirait pas proche, il a fait sa maîtrise sur une autre grande figure de l'histoire tunisienne, Ahmed Ben Salah, son oncle par alliance. Son père, professeur d'anthropologie juridique sur l'islam à la Sorbonne, est arrivé en 1958 en France pour y faire ses études. " Loin de moins l'idée de nier ma culture paternelle ou arabe ", assure Hakim El Karoui. Et pour cause, cet adepte du marathon, qui a fait de hautes études comme ses frères et sœurs, appartient à l'élite politique et intellectuelle de son pays d'origine. Une voie semble lui être tracée de naissance, d'autant qu'il est " passionné de politique ". Mais il fait d'abord un va-et-vient, partagé entre l'activité de conseil et l'université, et entre la France et le Monde arabe. Déçu par la Tunisie où il a vécu un temps, il apprend réellement la langue arabe en Egypte, réalisant que l'union politique qui l'intéressait était impossible dans cette région du monde. Puis, alors qu'il prépare une thèse de doctorat en rapport avec l'Union européenne, il débute à Matignon où il trouvera la satisfaction professionnelle qu'il recherchait. Sa rencontre avec le couple Raffarin, quelques années plus tôt, dans le cadre d'une mission pour le compte de l'Institut pour la démocratie en Europe fondé par Valéry Giscard d'Estaing, a été décisive. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Hakim El Karoui n'a pas eu le parcours attendu dans le domaine social ou politique. Sans avoir été militant, ni associatif, ni même de l'UMP aujourd'hui, " si je suis là, c'est que j'ai suivi la personne avec qui j'avais travaillé depuis l'année 2000 et dont je partage les idées ". Une opportunité saisie au vol, sachant que, s'agissant d'intégration, " le critère clé, c'est la compétence ".