Depuis le renouvellement du conseil d’administration, en janvier 2005, la FNMF n’arrive pas à définir une ligne claire. Le spectre d’un échec de la tendance “marocaine de France” se précise. Des listes indépendantes sans l’étiquette de la FNMF sont en train de se constituer, elles visent à rassembler le maximum de lieux de cultes dirigés ou non par des Marocains. On compte 1.685 mosquées en France, 550 sont dirigées par des Marocains et seulement quelques dizaines d’entre elles sont sous la bannière de l’UOIF, des Tabligh ou des Salafistes.
Le mouvement de Cheikh Yacine est de plus en plus visible, principalement à travers l’association “Participation et spiritualité musulmane” très active au sein du collectif “Une école pour tous”, militant contre la loi sur les signes religieux à l’école publique. De nombreux Marocains sont également présents au sein de certaines associations sous influence des Ahbaches libanais ou des chiites libanais, iraquiens ou iraniens.
Ces dernières semaines, de nombreuses rencontres ont eu lieu entre certains membres de la communauté marocaine de France et des responsables marocains de haut niveau: ministères des Affaires étrangères et des Habous et des Affaires islamiques. Une forte opposition à l’actuel président de la FNMM apparaît. Lors d’une de ces rencontres, celle du 30 avril à Dijon, un comité de 5 personnes a été chargé d’accompagner le processus électoral en particulier remplir les conditions pour participer aux élections (dont payer les cotisations, sans lesquelles plusieurs mosquées et délégués marocains ne peuvent participer). Les retards sont importants, la FNMF elle-même n’avait pas réglé ses cotisations, le week-end dernier.
· Sauver les acquis des précédentes élections
De leur côté, les autorités consulaires algériennes sont mobilisées depuis plusieurs mois afin de s’assurer du soutien des mosquées dirigées par des Algériens ou des personnalités algériennes influentes. Il a été noté à plusieurs reprises le déplacement personnel des consuls pour inciter les Algériens à se constituer en blocs. L’UOIF, de son côté, veut sauver les acquis des précédentes élections. Quant aux Turcs, très organisés, ils seront les arbitres sur les résultats dans plusieurs régions.
Les élections du CFCM s’annoncent donc très serrées, on parle plus des alliances que de programmes ou des demandes des fidèles. De nombreux lieux de culte rétorquent aux protagonistes qui leur rendent visite que ces derniers ne les connaissent que lors des élections.
Islam de France: La voie n’est pasencore trouvée
Ni l’islam politique ni l’islam officiel (tous sous influence des pays d’origine) n’arrivent à proposer les lignes de “l’islam de France” (dont tout le monde se réclame).
Quant aux services du ministère de l’Intérieur français, ils multiplient les enquêtes et les consultations pour doter l’islam de France d’institutions lui permettant de s’intégrer dans le paysage juridique français. L’organisation du pèlerinage est pris également aux sérieux afin d’éviter les graves dysfonctionnements de cette année. Autant de notes positives sur l’institutionnalisation de l’islam de France. Mais la grande question à laquelle seuls les musulmans peuvent répondre: comment protéger la spiritualité musulmane française des déviances de la radicalisation? Ce ne sont pas des gesticulations politiciennes qui éviteront de telles expressions, mais une formation religieuse basée sur le savoir, la connaissance, la modération et le respect des intérêts du pays qui peuvent nous épargner la radicalisation et donner une image positive dont nous avons besoin au cours de notre action quotidienne.
Les pays d’origine peuvent jouer un rôle de pacification si, de leurs côtés, ils prennent en considération l’intérêt des “Ibades et du bilad”, les gens et le pays. Le CFCM pourra jouer un rôle de mutualisation des ressources humaines et financière, il ne pourra le faire que si une autre fois les intérêts des “Ibades et du bilad” sont au premier plan.
Source : l'Economiste 3 mai 2005 (www.leconomiste.com)