Conseil français du culte musulman, Les véritables enjeux
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- Écrit par SEZAME
- Catégorie : Editorial
· Les pays d’origine doivent s’adapter au nouveau paysage religieux français et européen Le champ religieux musulman est devenu une donnée géostratégique incontournable. Il est, le plus souvent, vu comme un risque. Une politique marocaine cohérente pour la protection spirituelle des Marocains résidant à l’étranger a besoin de prendre en considération leurs différentes doléances. Ces derniers expriment des demandes fortes, cultuelles et culturelles, à travers la mise à disposition d’un encadrement religieux adéquat et d’un enseignement de l’arabe et une initiation à la culture marocaine. Ces deux aspects sont les pièces angulaires dans la sauvegarde et le maintien des liens avec le pays. Il n’est pas à rappeler que ces aspects ne sont que deux composantes d’un puzzle plus large intégrant les aspects sociaux, juridiques, économiques, éducatifs, sécuritaires…
LES activités des lieux de culte musulman ne se limitent pas uniquement à la pratique religieuse. Les mosquées sont devenues des lieux d’enseignement de l’arabe, de formation religieuse, de solidarité, d’activités commerciales, voire de mobilisation politique...
La mosquée est le lieu qui cristallise l’identité des populations de culture musulmane. Elle n’est plus fréquentée uniquement par des pratiquants, elle est le lieu d’expression des traditions des pays d’origine. D’où le débat qui a été soulevé lors de l’installation du Conseil français du culte musulman en 2003. De nombreux acteurs se définissant comme laïcs ont exprimé leur crainte du débordement du champ religieux sur les autres espaces de la société. Dans l’esprit du militant religieux musulman, la mosquée n’est pas uniquement un lieu de prière mais également un lieu politique, social, culturel, économique, voire sportif. C’est la mosquée originelle du prophète. D’où les incompréhensions qui surgissent dans l’organisation du culte musulman entre des musulmans qui rêvent de ce lieu source du pouvoir et les dispositifs légaux de la République pour limiter le champ d’action des lieux de culte. Lesquels doivent répondre aux critères suivants: être membre d’un CRCM, le lieu de prière doit être ouvert au public pendant les heures de prière quotidiennes et être géré par une association déclarée, enfin signer les «principes et fondements juridiques régissant les rapports entre les pouvoirs publics et le culte musulman»). Le nombre de délégués est défini par rapport à la surface en m2 des espaces réservés à la prière, il va de 1 délégué pour 100 m2 à 15 délégués pour une mosquée dont l’espace de prière dépasse les 800 m2. Le scrutin se fait à la proportionnelle ce qui oblige le regroupement des associations et ne laisse aucune chance aux associations autonomes ou indépendantes des fédérations.
· Alliances contre nature
Comme nous l’avions pronostiqué, les listes soutenues par les Marocains ont été en tête dans plusieurs régions. Les alliances programmées avec les Turcs de la CCMTF et les subsahariens de la FFAICA ont permis à la FNMF de garder plusieurs régions sur celles qu’elles dirigent. Quant à la Mosquée de Paris, elle n’a pas hésité à faire des alliances contre nature dans plusieurs régions, à savoir avec l’UOIF ou le Milli Görüs en Alsace et en Auvergne. La stratégie de l’UOIF lors des premières élections a été déjouée par la nouvelle approche de la FNMF.
L’UOIF sera la grande perdante au profit principalement de la FNMF et de la Mosquée de Paris dans un second temps. Cette tendance est expliquée, en plus de la forte implication des autorités marocaine et algérienne, par la volonté grandissante des gérants des lieux de culte de se démarquer de l’action de l’islam politique. Ce dernier se voit contraint d’investir d’autres champs que celui de la mosquée à savoir les espaces : culturels, de bienfaisance, de la formation religieuse, de l’enseignement ou politiques. La principale avancée dans l’institutionnalisation de l’islam de France c’est l’intégration du culte musulman dans l’espace juridique français et la clarification des relations entre les pouvoirs publics et les gestionnaires du culte musulman. Ainsi le préambule des statuts du CFCM fait référence aux «principes et fondements juridiques régissant les rapports entre les pouvoirs publics et le culte musulman» élaborés après de longues discussions entre les pouvoirs publics et les différentes fédérations, mosquées et personnalités qualifiées de la consultation lancée par Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de l’Intérieur, en 1999. Ce texte cadre, expressément, certaines questions censées être épineuses dans la pensée religieuse musulmane. Ainsi, les 1.302 lieux de prière inscrits pour la participation au processus électoral du CFCM confirment solennellement leur attachement aux principes fondamentaux de la République française et notamment aux articles 10 et 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen relatifs à la liberté de pensée et à la liberté de religion, à l’article 1er de la Constitution affirmant le caractère laïque de la République et le respect de celle-ci de toutes les croyances. Ainsi qu’aux dispositions de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat.
Les associations musulmanes déclarent adhérer également au principe rappelé par le préambule de la Constitution et défini par l’article 1er de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen selon lequel tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ainsi que toute discrimination fondée sur le sexe, la religion, l’appartenance ethnique, les mœurs, l’état de santé ou le handicap est contraire à ce principe et pénalement répréhensible. Les dispositions relatives à la liberté de pensée, de conscience et de religion ont été reconnues sans restriction.
Le CFCM a pu au cours de ses deux premières années être identifié comme l’organe représentatif du culte musulman de France. Il est devenu, avec ses organes (Bureau exécutif, Conseil d’administration et assemblée générale) et ses Conseils régionaux du culte musulman (CRCM), l’interlocuteur des pouvoirs publics, des élus locaux, des représentants des autres cultes et une grande partie de la société civile.
· Absence des jeunes générations
La prochaine création de la fondation française pour les œuvres de l’islam lui permettra d’avoir les moyens nécessaires afin de continuer sa marche institutionnelle et répondre ainsi à la demande de la majorité des musulmans de France. L’intervention des pays d’origine est régulièrement décriée. L’absence des jeunes générations au sein des instances du CFCM l’est également. Il faudra prendre en considération la récente installation de l’islam en France. De nombreux services n’auraient pu être réalisés sans cette présence des pays d’origine. Cependant, ces derniers doivent prendre en considération la transformation socioéconomique de leurs ressortissants installés en France. Ils doivent s’adapter au nouveau paysage religieux français et européen. L’expression religieuse n’est plus à l’abri des influences culturelles et cultuelles les plus diverses, les musulmans ne vivent plus dans un enclos hermétique, ils échangent, doutent et bricolent une religiosité à la carte.
Les instances religieuses traditionnelles deviennent de plus en plus des organismes de service que des protectrices du temple. D’où les défis qui guettent la pensée religieuse musulmane.
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Forte participation
EN 2003, ils étaient 4.032 délégués représentant 995 mosquées sur les 1.316 sollicités, le taux de participation a atteint 86%. Vu l’activisme des différentes composantes religieuses, la démocratisation de l’information, la bonne connaissance des prérogatives du CFCM, ainsi que l’affaiblissement des voix opposantes ou décidantes ont renforcé le taux de participation lors des élections du 19 juin 2005.
Dimanche dernier, ce sont 5.190 délégués représentant 1.224 lieux de culte sur les 1.302 inscrits qui ont élu le Conseil français du culte musulman, CFCM (C’est le Comelen -comité des élections national- en collaboration avec les Corelec -comités électoraux régionaux- qui valide les listes des mosquées qui ont le droit de participer à l’élection du CFCM).
Source l'economiste : 21/06/05